Je marchais au centre-ville d’Ottawa voici quelques années et j’ai croisé un homme qui semblait sortir tout droit d’un film western.
Grand, tout habillé de noir et coiffé d’un chapeau de cowboy. Ce qui m’avait le plus frappé c’était son visage tanné par le soleil avec des yeux bleus perçant, des cheveux et une moustache blanc comme neige. Dans ma tête, je voyais déjà le trophée du portraitiste de l’année sur mon bureau. Malheureusement, je n’ai pas eu le courage de l’aborder et lui demander si je pouvais le photographier. Les jours et les semaines suivantes, j’ai hanté les rues du centre-ville en vain espérant le revoir et trouver le courage de lui demander si je pouvais faire son portrait. C’est à partir de là que j’ai décidé de ne plus hésiter lorsque je rencontrerais quelqu’un d’aussi photogénique sur la rue.
Il est difficile d’interpeller les gens dans la rue et leur demander si on peut faire leur portrait. Pourtant, le pire qui peut arriver c’est qu’ils disent non. Personnellement, au début, ça me dérangait mais avec le temps je trouve ça intéressant de voir leur réaction. Certain passent leur chemins sans même répondre tandis que d’autres sont contents et posent fièrement. Évidemment, je n’aborde pas n’importe qui. Seulement les personnes avec qui je sais que le résultat sera intéressant. J’avoue que c’était plus facile avant l’internet et les médias sociaux. Aujourd’hui, les gens sont plus conscient du fait que leur visage peut se retrouver sur un forum public et être vu par des centaines voire des milliers de personnes.
Avec «Wrinkes, Whiskers and Wisdom», ce fut très simple.
Je photographiais une petite famille dans un musée extérieur et j’ai vu passer cet homme sur un chariot tiré par des chevaux. Il jouait le rôle d’un fermier du temps de la colonisation. Je n’ai pas hésité. J’ai demandé à la famille de m’attendre quelques minutes et je suis parti derrière le chariot pour demander à cet homme s’il pouvait poser pour moi. Il accepta immédiatement et j’ai pu le placer près d’un batiment à l’ombre afin de faire son portrait. Évidemment, c’était différent puisqu’il jouait un rôle et qu’on lui demandait sûrement souvent de poser pour les touristes. Mais cette fois, ça m’a pris plus de courage de demander à la famille que je photographiais de m’attendre que de demander au monsieur de le photographier. Ce que je veux dire finalement, c’est qu’il faut toujours suivre son instinct et faire l’effort de demander quelles que soient les circonstances. Si cette famille (clients) avait dit non ou même si j’avais senti un inconfort dans leur réponse, je n’aurais pas fait ce portrait et ça aurait été ben correct aussi. Il faut aussi savoir accepter les occasions manquées.
« Wrinkles, Whiskers and Wisdom » a fait partie de la collection qui m’a permis de remporter le titre de photographe de l’année en Ontario.
